Petits poèmes en vers

,

Ombre

Ombre que je deviens
Corps encore en trop
Obstacle au soleil

Effacer
Une vie crayonnée
Où est la gomme ?

Même en cendres
Il reste un peu de matière.
Être la flamme.

Rouen, 27 mai 2018.

A M. G.

grise la mer et sans reflet
mais quand même la mer
toute de blanc bord ?
une touche d’écume
le coup d’aile d’une mouette

Le Havre, 24 mars 2013.

L’arbre sur le ciel bleu

Est-ce l’arbre qui se découpe
sur le ciel bleu
ou le bleu du ciel qui
s’ajuste entre les branches

Feu

Mort aux autres vies qui nous semblaient dues

Deuil de toi où et quand tu vécus

Disparition de moi, du frisson le long de la colonne aux vertèbres, des phosphènes qui tombent derrière les paupières, de la boule hystérique qui strangule d’angoisse quand c’est ton tour

Fuck des femmes qu’on n’a pas eues

Merde à la mer, à l’infini qui lave

Pioche dans les maisons bâties

Bris des huis, des briques et des pierres

À la corbeille les vieux papiers

Iconoclasme des images en circulation

Sus à la viande qui se vend pour chair

Au trou ce qui dépasse, s’enfle

À bas le haut, le loin, le vite

Feu les revenants, les morts-vivants, les prêcheuses d’origine

Rompez les rangs

Dépression de bourse et de météo — moral à la hausse

À bas.