On en est là, à préférer le froid parce qu’on peut toujours ajouter un manteau, plutôt que la chaleur : déshabillé jusqu’à la peau, tu n’as plus rien à enlever (début de phrase dicté dans un demi-sommeil, matin du 25 juin 2025 : il fait chaud).

Il était si poli qu’il disait bonjour et au revoir en rentrant dans l’hypermarché. Mais il se sentait frustré de ne pas pouvoir tenir la porte au suivant, à cause du tambour automatique.

Il était tellement narcissique qu’il avait orienté son rétroviseur vers son visage, pour se voir en train de conduire. C’est comme ça que l’accident est arrivé.

Souvent, il avait joué le rôle de go between. Et puis, les deux qu’il avait fait se rencontrer se rapprochaient, se fréquentaient, leur relation devenait exclusive. Il les regardait s’éloigner. Et au fond de lui, il était heureux.

Chaque été, le gars qui vendait des bijoux faits à la main sur le marché revenait avec une nouvelle, une blonde, une brune, parfois même une rousse, jamais la même. On l’enviait, en le critiquant. On ne savait pas si c’est lui qui la renvoyait à la fin de la saison ou si c’était elle qui partait.

Jamais il n’avait été le premier, ni dans le cœur d’une mère, de sa promo, dans le lit d’une fille, à la course à pied. Deuxième au mieux, la plus mauvaise place, dit-on dans le sport. Après un petit héritage, il s’était rattrapé en collectionnant les timbres de première émission, les estampes de premier tirage, les éditions originales, les voitures de première main.

À une prostituée, on ne demande pas avec combien d’hommes elle a couché avant soi. On est toujours tenté de poser la question à une femme bien.

Dans un magasin, un nain, un nain de nain, si petit qu’on a envie de lui dire qu’il n’est pas fait pour être là.

Imagine-t-on le régime alimentaire d’un pétomane (hier, documentaire sur Toulouse-Lautrec : il y avait un pétomane au Moulin de la Galette). Comme un sportif de haut niveau. Doit constituer son stock de gaz tous les jours. Certains soirs, il doit rester sans son, comme une diva qui perd sa voix. Les premiers rangs ne doivent pas être très remplis (31 janvier 2022)

Dans les histoires d’amour, il faudrait connaître d’abord la fin, la rupture : on saurait comment il aurait fallu commencer, et à qui on a affaire (2 mai 2024).

Phrase entendue dans la rue, 23 novembre 2024
Trois filles, jeunes, qui sortent d’une maison, enjouées. L’une dit aux autres : « Je cherche passivement », suivi d’un complément, que je ne comprends pas. Une relation ? La phrase peut s’appliquer à de nombreux domaines. Retour d’une vieille idée : écrire en mettant bout à bout des phrases entendues, comme Apollinaire les « poèmes conversations », ou inclure dans un texte en cours un élément étranger tous les jours (mot entendu ou lu), comme un exercice oulipien non programmé.